La phytochimie, c’est quoi ?

La Phytochimie, c’est quoi ?

Les différentes substances rencontrées dans les végétaux.C’est la phytochimie (chimie des végétaux) qui se charge d’étudier ces substances actives, leur structure, leur distribution dans la plante, leurs modifications et les processus de transformation qui se produisent au cours de la vie de la plante, de la préparation du remède végétal, puis durant son stockage.

ALCALOIDES Les alcaloïdes sont des composés azotés complexes, de nature basique, présentant généralement de puissants effets physiologiques. Ce sont pour la plupart des poisons végétaux très actifs, dotés d’une action spécifique. La médecine les emploie le plus souvent à l’état pur et leur véritable valeur ne s’affirme qu’entre les mains du médecin. Selon leur composition chimique et surtout leur structure moléculaire, on peut diviser les alcaloïdes en plusieurs groupes.
a) des phénylalanines: capsaicine du piment, colchicine du colchique;
b) des alcaloïdes isoquinoléiques : morphine, éthylmorphine, codéine et papavérine contenues dans l’opium du pavot; et des alcaloïdes indoliques: ergométrine, ergotamine, ergotoxine de l’ergot des céréales;
c) des alcaloïdes quinoléiques: tige feuillée de la rue commune;
d) des alcaloïdes pyridiques et pipéridiques : ricinine du ricin, trigonelline du fenugrec, conine (poison violent) de la ciguë;
e) des alcaloïdes dérivés du tropane : scopolamine et atropine de la belladone f) des alcaloïdes stéroides: racine de vératre, douce-amère ou aconite (aconitine) par exemple.

GLUCOSIDES Les glucosides sont des produits du métabolisme secondaire des plantes. Ils se composent de deux parties. L’une contient un sucre, par exemple le glucose, et est le plus souvent inactive, tout en exerçant un effet favorable sur la solubilité du glucoside et son absorption, voire son transport vers tel ou tel organe. L’effet thérapeutique est déterminé par la seconde partie, la plus active, nommée aglycone (ou aglucone). Selon leur composition chimique, on distingue plusieurs groupes de glucosides:
a) des thioglucosides : renferment du soufre organiquement lié et sont caractéristiques par exemple de la famille des brassicacées. Ils y sont accompagnés d’une enzyme, la myrosinase, dont l’action les décompose en glucose et en isothiocyanates ou sénevols (raifort, graines de moutarde blanche ou noire, graine de capucine).
b) des glucosides dérivés de l’acide cyanhydrique, formés par un composé cyanhydrique lié à un sucre. L’action enzymatique les décompose (souvent dans la salive humaine) en acide cyanhydrique libre, qui est un poison (amandes amères, fleur de sureau noir et de la prunelle, feuilles de cerisier et de griottier).
c) des glucosides anthraquinoniques qui sont le plus souvent des pigments cristallins, facilement labiles. Ils ont une action laxative 6-8 heures après leur absorption (rhizome de rhubarbe, écorce de nerprun).
d) des cardioglucosides (glucosides de la digitale) qui sont des substances très importantes, régulant l’activité cardiaque à des doses infinitésimales. Selon leur structure chimique, on les divise en cardénolides (digitales, adonis, muguet) et en bufadiénols (racine d’hellébore).
e) les glucosides phénoliques appartiennent à un groupe de substances présentant des effets et souvent aussi un arôme très caractéristiques. On les range à ce titre parfois parmi les substances aromatiques (dérivés salicyliques de l’écorce de saule, de l’ulmaire et des bourgeons de peuplier; arbutine et méthylarbutine des feuilles de busserole, d’airelle, de bruyère).

SAPONINES Les saponines sont très communes dans les plantes médicinales. Du point de vue chimique, elles se caractérisent également par un radical glucidique (glucose, galactose) joint à un radical aglycone. Leur propriété physique principale est de réduire fortement la tension superficielle de l’eau. Toutes les saponines sont fortement moussantes et constituent d’excellents émulsifiants. Elles ont une autre propriété caractéristique : celle d’hémolyser les globules rouges, (érythrocytes), c’est-à-dire de libérer leur hémoglobine, ce qui explique l’effet toxique de certaines d’entre elles, qui les rend inconsommables. Les saponines irritent les muqueuses, causent un relâchement intestinal, augmentent les sécrétions muqueuses bronchiales (sont expectorantes) : fleur de molène, racine de réglisse et de saponaire. Elles sont employées comme diurétiques et désinfectantes des voies urinaires (tige feuillée de herniaire, feuille de bouleau, racine d’ononis épineux). La célèbre racine de ginseng (Panax ginseng) originaire de Chine, de Corée et des régions extrême-orientales d’Union soviétique est également riche en saponines.  

PRINCIPES AMERS Ces substances présentent un goût amer (amara), excitent les cellules gustatives, stimulent l’appétit et augmentent la sécrétion des sucs gastriques. La pharmacologie regroupe sous le nom de principes amers des substances végétales terpéniques susceptibles de libérer de l’azulène, ainsi que des glucosides de diverses structures biochimiques. Le premier groupe comporte par exemple les sucs amers de l’absinthe et du chardon béni. Le deuxième groupe est le plus commun: il regroupe les sucs des gentianacées (gentiane, trèfle d’eau), de la centaurée, etc.

TANINS Ces substances de composition chimique variable présentent un caractère commun: leur capacité de coaguler les albumines, les métaux lourds et les alcaloïdes. Elles sont hydrosolubles. Leur intérêt médicinal réside essentiellement dans leur caractère astringent: leur propriété de coaguler les albumines des muqueuses et des tissus, en créant ainsi une couche de coagulation isolante et protectrice, ayant pour effet de réduire l’irritabilité et la douleur, d’arrêter les petits saignements. Les décoctions et les autres préparations à base de drogues riches en tanins sont employées le plus souvent extérieurement contre les inflammations de la cavité buccale, les catarrhes, la bronchite, les hémorragies locales, sur les brûlures et les engelures, les plaies, les inflammations dermiques, les hémorroïdes et la transpiration excessive.

LES SUBSTANCES AROMATIQUES On groupe ici un certain nombre de substances, fréquentes dans les drogues végétales, de composition et d’action souvent très variable. Elles peuvent accompagner chez la plante d’autres substances actives. C’est dans ce groupe que nous trouvons notamment les glucosides phénoliques, ou les dérivés du phényl-propane, telles les coumarines au parfum caractéristique. Les tiges feuillées de mélilot, l’aspérule odorante, sont riches en coumarine. Les hydroxycoumarines présentent également un intérêt pharmaceutique. L’esculine, contenue dans l’écorce du marron d’Inde a les mêmes effets que la vitamine P, elle augmente la résistance des vaisseaux sanguins et présente donc un intérêt pour les soins des hémorroïdes et des varices (comme la rutine). De plus, elle absorbe les rayons ultraviolets (filtres solaires, crèmes protectrices). L’écorce de viorne (Cortex viburni) contient également des hydroxycoumarines. L’angélique officinale contient, elle, des furocoumarines. Un deuxième groupe de substances aromatiques est constitué par les produits de condensation de molécules d’acide acétique actif (acétogénines). C’est à ce groupe qu’appartiennent les flavonoides, substances phénoliques dont la plus importante du point de vue thérapeutique est la rutine qui exerce, comme l’esculine, une action favorable sur la paroi des capillaires. La rutine est tirée de la rue, mais plus encore du sarrasin et du sophora. Les feuilles et fleurs d’aubépine, ainsi que les baies du même arbuste comptent parmi les drogues renfermant des flavonoides les plus fréquemment employées. Une autre drogue importante, tant pour la médecine populaire que pour la médecine officielle, et renfermant, à côté des substances flavonoides tout un arsenal d’autres produits, est la fleur ou la baie de sureau noir. La fleur de tilleul est un autre remède connaissant la faveur de tous. Citons aussi la tige feuillée de millepertuis, l’immortelle des sables, l’antennaire. Le chardon-Marie, qui est riche en substances importantes du groupe des flavolignanes, efficaces contre les maladies du foie et les hépatites, fait l’objet d’études particulièrement attentives depuis quelque temps. Les substances actives du chanvre, les naphtoquinones des feuilles de noyer, les composés contenus dans le droséra appartiennent également au groupe des substances aromatiques.

LES HUILES ESSENTIELLES (ESSENCES NATURELLES) ET LES TERPÈNES Ce sont des extraits volatils et odorants que l’on extrait de certains végétaux par distillation à la vapeur d’eau, pressage ou incision des végétaux qui les contiennent. Les huiles essentielles sont des composés liquides très complexes. Elles ont des propriétés et des modes d’utilisation particuliers et ont donné naissance à une branche nouvelle de la phytothérapie : l’aromathérapie. Elles se forment dans un grand nombre de plantes comme sous-produits du métabolisme secondaire. Les végétaux sont le plus riches en essences par temps stable, chaud et ensoleillé : ce sera donc le meilleur moment pour les cueillir. Ces huiles s’accumulent d’autre part dans certains tissus au sein de cellules ou de réservoirs à essence, sous l’épiderme des poils, des glandules ou dans les espaces intercellulaires. Le contrôle microscopique de la qualité des huiles essentielles nous apprend que ces cellules sont disposées en formations caractéristiques. Au point de vue chimique, il s’agit de mélanges extrêmement complexes. Les huiles essentielles sont constituées de différents composants terpènes, esters, cétones, phénols et d’autres éléments qui ne sont pas tous encore analysés. Parmi ces constituants, certains – les terpènes ou résines – peuvent être irritants pour la peau ou les muqueuses, c’est pourquoi on utilise dans certains cas des essences déterpénées.

LES HUILES GRASSES Il s’agit d’huiles végétales liquides à température ambiante. Le froid les trouble et les fait figer, elles sont insolubles à l’eau, mais bien solubles dans les solvants organiques (chloroforme, acétone, par exemple). Parmi les huiles non siccatives, on peut citer l’huile d’olive et l’huile d’amandes, parmi les semi-siccatives, celle d’arachide, de tournesol et de colza. L’huile de lin et d’œillette sont siccatives. L’huile de ricin est fortement laxative. Les huiles grasses sont couramment utilisées, tant pour la fabrication de remèdes qu’à des fins alimentaires et industrielles.

LES GLUCOQUININES (INSULINES VÉGÉTALES) Ce sont des substances influant sur la glycémie; on les appelle également phytoinsulines. Elles sont contenues dans les végétaux suivants: gousse de haricot sans graines (Fructiis phaseoil sine semine), sommités de galéga (Herba galegae), feuilles de myrtille. Ces plantes séchées entrent dans la composition de tisanes antidiabétiques, employées dans les soins annexes du diabète.

LES MUCILAGES VÉGÉTAUX Ce sont des mélanges amorphes de polysaccharides, formant en présence d’eau des systèmes colloïdaux fortement visqueux. A l’eau froide, les mucilages gonflent en formant des gels, à l’eau chaude ils se dissolvent en formant des solutions colloïdales qui se gélifient à nouveau en refroidissant. Dans les plantes, ces substances ont un rôle de réservoirs, surtout par leur capacité à retenir l’eau. Dans les infusions et les décoctions, les mucilages des plantes médicinales ont pour effet de réduire l’irritation tant physique que chimique. Ils exercent donc une action favorable contre les inflammations des muqueuses, notamment celles des voies respiratoires et digestives, ils atténuent les douleurs des contusions, assouplissent la peau lors d’applications de cataplasmes.

LES HORMONES VÉGÉTALES (PHYTHORMONES) Ce sont des substances de composition chimique très complexe. Ce sont le plus souvent des biocatalyseurs qui agissent sur la croissance et les échanges métaboliques (biostimulants). On les trouve par exemple dans le houblon, l’anis, la sauge, le sorbier, la guimauve, la capselle, l’avoine et la carotte.

LES ANTISEPTIQUES VÉGÉTAUX Il s’agit de substances antibiotiques produites par les végétaux supérieurs, exerçant une action antimicrobienne à large spectre, le plus souvent instables et volatiles. Elles agissent même en aérosol, par voie respiratoire. Elles existent dans l’ail, l’oignon, la moutarde, le raifort, le sureau noir, le genévrier, le pin, le plantain, etc. Leur étude continue encore de nos jours.  

Une réflexion sur « La phytochimie, c’est quoi ? »

  1. Mayassa Moussa Haydar

    Iam a pharmasist .master in science and i have a master in biochemistry .Can i continue my study in phytochemistry .

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.